Les possibilités de transport ferroviaire ont attiré en Moselle l’entreprise TEA (filiale de GCA) sur un ancien site de logistique militaire d’une superficie de 22 ha. Une belle opération pour la Communauté de communes Sarrebourg Moselle Sud.
Le terrain, tout en longueur, court sur 1,5 km le long d’une voie ferrée. À partir de décembre 2025, il devrait voir transiter jusqu’à 600 000 véhicules par an pour le compte du constructeur automobile Stellantis. Initialement, le site servait de dépôt à l’armée, qui l’utilisait pour expédier par transport ferroviaire son matériel militaire. Il a ensuite servi de base logistique pour les matériaux lors de la construction de la ligne à grande vitesse Est qui dispose, à Réding, d’un raccordement à la ligne classique Paris – Strasbourg, raccordement auquel ce site est précisément embranché. Puis l’Établissement public foncier de Grand Est en a fait l’acquisition en 2018 auprès du ministère des armées.
Après une dépollution, en particulier pour les toits en amiante, et la déconstruction de 35 bâtiments de différentes tailles menées en 2022, la Communauté de communes Sarrebourg Moselle Sud (CCSMS) en a fait l’acquisition en janvier 2024. « Nous avions pris la décision d’acquérir le terrain sans savoir à l’avance ce que nous allions y mettre, indique Roland Klein, président de la CCSMS. Peu de temps après, nous avons été contactés par le groupe Charles André, qui cherchait une quinzaine d’hectares en Moselle pour y développer son activité de logistique voitures neuves. »
L’atout ferroviaire
L’atout principal du site de Réding aux yeux du Groupe Charles André (GCA) : la voie ferrée contiguë et l’embranchement ferroviaire dont il dispose, à proximité d’un nœud ferroviaire. Cela a été décisif pour y implanter l’activité de transport, de stockage et de customisation de véhicules au profit du groupe Stellantis. Le transporteur et logisticien basé à Montélimar, en effet, n’est pas cantonné à son activité initiale de transport routier mais est très actif dans le transport fluvial et surtout le ferroviaire.
À Réding, dans un premier temps, Transports européens automobiles (TEA), filiale de GCA, va aménager la moitié des 22 hectares avec des ombrières, pour le stockage de 3 000 à 4 000 véhicules. Les premières voitures devraient arriver fin 2025, avec une soixantaine d’emplois à la clé. La capacité du site pourra être portée par la suite à 6 000 ou 8 000 véhicules.
20 millions d’euros investis
« Cela générerait une grosse centaine d’emplois, voire davantage si Charles André implante aussi une activité d’aménagements de véhicules utilitaires, espère Roland Klein. C’est plus intéressant pour nous que le projet concurrent qui, sur le même site, voulait installer un dépôt d’amiante. »
Au total, TEA prévoit d’investir 20 millions d’euros sur le site. Les premiers travaux devraient commencer rapidement avec le débroussaillage et la clôture du site. Suivra la pose d’un enrobé perméable et la construction de deux bâtiments de 1 000 m² chacun pour l’administration, d’une part, et la carrosserie et peinture, d’autre part.
TEA exploite déjà des plateformes à Andancette (26), Bourg-en-Bresse (01), Corbas (69), Vitrolles (13) ainsi que sur le port de Marseille-Fos. À travers différentes filiales, le groupe Charles André est, rien que pour la logistique automobile, à la tête de 32 sites en Europe permettant le stockage de 200 000 véhicules. Il exploite 1 200 camions porte-voitures et transporte 2,8 millions de véhicules par an.
En Grand Est, GCA dispose d’une douzaine de sites, toutes filiales confondues. Son activité autour du stockage, de la préparation et du transport de véhicules se concentre surtout dans le Bas-Rhin avec trois sites majeurs : le premier autour de l’usine Mercedes-Benz Trucks de Molsheim (filiale TEA), le second à Hatten au nord-est de Haguenau (filiales Striebig Transport et Logistique) au sein du centre logistique de Mercedes-Benz et le dernier dans la zone du port de Lauterbourg (filiale Walon France), tourné vers l’Allemagne et les constructeurs Mercedes et Audi. GCA comprend également, dans la région, les entreprises Riss et Hammes, avec deux sites à Illzach (68) et Gambsheim (67), Transpelor, à Florange (57) et Pagny-sur-Meuse (55), ainsi que les Transports Caillot. Basés à Bétheny, près de Reims, les Transports Caillot et leur dizaine d’implantations dans le nord-est de la France (notamment près de Reims, de Toul et de Strasbourg) ont été récemment intégrés au Groupe Charles André en juin 2023.
Une future zone en projet, embranchable au réseau ferré
À Réding, d’autres implantations logistiques pourraient suivre celle de TEA. La Communauté de communes Sarrebourg Moselle Sud, en effet, prévoit l’aménagement d’une zone de 30 à 55 ha, dénommée « Les Grands Horizons » située de l’autre côté de la voie ferrée.
« Sarrebourg a une position géographique à équidistance de Metz, Nancy et Strasbourg, rappelle Roland Klein. Les supermarchés Norma y ont installé leur logistique pour l’Est de la France. À Phalsbourg, se trouvent FM Logistic et le groupe Bouché. La future zone Grands Horizons que nous souhaitons développer d’ici deux à trois ans pourrait fort logiquement avoir une orientation logistique, et un embranchement ferroviaire n’est pas exclu. » Via une succession agricole, la communauté de communes vient d’obtenir 18 hectares qui pourront être proposés à des exploitants agricoles pour procéder à des échanges de terrains.
La volonté de l’intercommunalité de développer les activités logistiques sur son territoire se fait dans un optique de développement économique et de création d’emplois. L’implantation de TEA, cependant, ne se fait pas aux frais de la CCSMS. Entre l’achat du terrain, sa dépollution (financée à 80 % par l’Établissement public foncier) et sa viabilisation, la collectivité locale a dépensé environ 500 000 euros selon Roland Klein. Avec une revente au groupe Charles André à 12 euros du mètre carré, le président de la CCSMS estime avoir fait « une belle opération » pour les finances de sa communauté de communes.
