Le groupe Soprema, spécialiste de l'étanchéité et de l’isolation, a initié en janvier la mise en place entre Strasbourg et Rouen d’une ligne ferroviaire, devenue régulière en mars. Une initiative privée mais en phase avec les ambitions multimodales des Ports de Strasbourg.
Après deux trains d’essai depuis janvier, le spécialiste de produits d’isolation et d’étanchéité Soprema est passé à la vitesse supérieure en mars, instaurant le convoyage ferroviaire régulier de ses produits et de matières premières entre ses usines de Strasbourg et des dépôts de la région ouest et parisienne. Pour un investissement de 150 000 euros, la remise en service d’une ancienne ligne et l’activation du service ont pour objectif de reporter quelque 5 000 à 10 000 tonnes de marchandises par an de la route vers le rail, en évitant la circulation de 200 à 400 camions et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de plus de moitié sur ces trafics.
L’essor du train sur le port
« Nos approvisionnements restent actuellement principalement réalisés par la voie routière, indique Soprema. Cependant, notre objectif est de développer de nouvelles voies de transport fiables et moins carbonées avec le ferroviaire ou le fluvial ». Le projet s’intègre dans une démarche globale de l’entreprise sur la décarbonation de ses transports, dans la droite ligne du projet Calypso qui, depuis 2013, permet l'acheminement par voie fluviale de barges de bitumes sur le site de Strasbourg.
La nouvelle opération résulte d’un partenariat de Soprema avec Fret SNCF, l’opérateur ACPMC, en appui avec les Ports de Strasbourg. Pour ces derniers, « la démarche s’inscrit dans le vaste plan de développement du report modal, du fluvial vers le ferroviaire en particulier ». Avec 100 km de voies ferrées, 17 navettes ferroviaires à destination d’Anvers, Rotterdam et Fos-sur-Mer (contre 9 en 2016), un million de tonnes de marchandises par an déjà acheminées par train, le port est la première gare de fret d’Alsace et prévoit de doubler la part du ferroviaire dans son activité d’ici à 2030. Cette ambition ferroviaire vise également à faciliter le report vers le rail lorsque la navigation sur le Rhin est limitée lors des épisodes de basses eaux, comme ce fut le cas à l’été 2022.
Pour Soprema, qui a son siège mondial à Strasbourg au cœur de la zone portuaire, la nouvelle ligne vers Rouen renforce son ancrage avec le port, en cohésion avec l’engagement des Ports de Strasbourg pour contribuer activement à la transition écologique de leur territoire. Les marchandises sont livrées en trois jours depuis l’usine de Strasbourg, avec un acheminement final assuré « pour le moment » en camion traditionnel, depuis la gare de Rouen jusqu’à des dépôts situés dans l’ouest et en Île-de-France. Et avec un autre objectif affiché : « être rejoints par d'autres acteurs industriels pour renforcer l'utilisation du fret ferroviaire à l'échelle régionale et nationale ».