Avec l’investissement de l’État, de la Région et des collectivités locales, l’important linéaire de petites lignes ferroviaires dédiées au fret en Grand Est bénéficie d’un programme de rénovation afin de permettre le développement des trains de marchandises.
Avec près de 500 km de lignes ferroviaires secondaires utilisées uniquement pour le fret, le Grand Est totalise environ le quart du réseau national dit « capillaire ». Ces voies sont utilisées pour la desserte fine du territoire, en complément du réseau ferré principal, dit « structurant », qui représente le linéaire le plus important. Chacune ne voit passer que quelques trains par jour voire par semaine. Les trains qui y circulent sont souvent issus de chargeurs disposant d’un embranchement (ITE : installation terminale embranchée) et devant transporter de gros volumes. Il s’agit typiquement de silos céréaliers en Champagne, de sites industriels en Lorraine ou des ports fluviaux en Alsace…
Au total, ces lignes capillaires sont utilisées pour transporter 4,5 millions de tonnes de marchandises par an dans la région, qui concentre environ 20 % du fret ferroviaire français. Cependant, l’entretien et l’investissement consacrés à ces voies secondaires ayant été insuffisants au cours des dernières décennies, une grande rénovation est nécessaire. La prise de conscience du mauvais état du réseau s’est imposée au cours des années 2010 et a été l’un des déterminants aboutissant à l’élaboration, en 2021, d’une Stratégie nationale de développement du fret ferroviaire.
Capfret pour moderniser les capillaires fret
La Région Grand Est s’est montrée volontariste en mettant en œuvre dès 2018 le dispositif Capfret, à travers lequel elle finance jusqu’au tiers des dépenses de régénération des lignes capillaires fret. L’État est aussi un financeur important, de même que les autres acteurs publics locaux. Les chargeurs sont également parfois mis à contribution, afin de compléter le tour de table financier mais aussi démontrer leur engagement à utiliser la ligne ainsi rénovée, même si cela représente des montants nettement plus faibles que ceux pris en charge par les acteurs publics. Les chargeurs peuvent aussi participer aux seuls frais de maintenance, lorsqu’il est problématique pour eux d’investir directement dans un bien (la ligne capillaire fret) qui ne leur appartient pas.
En 2021, SNCF Réseau avait estimé que la remise en état de ces capillaires nécessiterait l’investissement de 300 millions d’euros en Grand Est sur la période 2021-2028, dont 200 M€ pour le périmètre de l’ancienne région Champagne-Ardenne. Les financements mobilisables sur la même période avaient été chiffrés autour de 100 M€. Une somme permettant de remettre à flot les lignes pour quelques années, mais insuffisante pour les pérenniser sur la longue durée.
Des travaux bien engagés
Si la Champagne-Ardenne cumule les besoins de rénovation les plus importants, c’est que les capillaires fret y desservent d’importants silos agricoles, souvent éloignés du réseau ferré structurant (celui-ci y étant moins dense que dans l’Est de la région). En Alsace, les lignes faisant la jonction entre le grand réseau et les embranchements tels que celui du port de Strasbourg ou de celui de Colmar-Neuf-Brisach sont plus courtes.
Le Grand Est, avec 25 % du linéaire, absorbe le tiers des financements nationaux consacrés aux lignes capillaires fret. Les travaux de rénovation de ces petites lignes sont aujourd’hui bien engagés. En 2023, les chantiers des lignes Rœschwoog - Beinheim (Bas-Rhin) et Conflans - Batilly (Meurthe-et-Moselle) ont été réalisés. En 2024, la remise à niveau de deux lignes champenoises va se poursuivre : Coolus - Luyères et Oiry - Esternay. L’année prochaine verra aussi le début des travaux pour l’accès sud au port de Strasbourg et, du côté de Nancy, pour la ligne Pont-Saint-Vincent - Rosières-aux-Salines.